« À Newdon, dans le fog, John Moon traîne un spleen spectaculaire depuis que sa carrière d'entraîneur sportif, couronnée par une énième et ridicule défaite, vient brusquement de prendre fin. Si encore il était capable de se suicider correctement ! Mais voici qu'une fâcheuse contrariété vient bousculer ses plans : possédée par le Diable, la Reine elle-même décide d'ouvrir la porte des enfers pour déchaîner le Mal sur le monde. Désigné par un sort facétieux pour juguler ce terrifiant péril, notre brave John est contraint de s'adjoindre les services d'Oriel Vaugham, un elfe magicien incurablement médiocre, de Gloïn MacCough, un nain neurasthénique, et de Gryphius le dragon - petit, domestique et totalement imprévisible. Euh... Et ça se termine bien ? »
Excellent moment de lecture, ce livre se laisse lire d'une traite. Les personnages sont drôles, totalement à côté des conventions littéraires et joyeusement grossiers. Déjà, au tout début, le Diable à qui je décerne une mention spécial ! La scène où le Baron Mordayken le fait sortir de sous le stade est très drôle ! La répartie entre les personnages est dynamique et loin de ce que l'on peut lire habituellement.
Ça ma fait un peu penser à Fforde à quelques occasions, notamment en ce qui concerne le Quartek ou encore ce flou entre les réalités - lecteurs, personnages, auteur. L'auteur fait des sauts dans le récit, John s'adresse à nous, il s'adresse aussi à l'auteur quelques fois, comme s'ils étaient tous des personnages de fiction.
C'est le premier de Fabrice Colin que je lis et je dois dire que cela me donne envie d'en lire davantage. Je ne le connaissais pas et pourtant, il gagne à être plus connu !
Je vous le conseille donc vivement !
« [...] Le Baron se redressa tout tremblant. Derrière lui, la goule qui lui servait de serviteur avait enfin réussi à se hisser sur la berge. Trempée, hors d'haleine, elle relevait péniblement la tête.
- Maître?
- Oui ? demanda le Diable, qui pensa que ce titre lui était adressé.
- Oh, tu vas la boucler ? chuchota le Baron furieux.
- De quoi ? fit le Diable.
- Non, ce n'était pas pour vous, maître.
- Pas pour me mettre ? Dis-moi, Mordayken, j'apprécie les bons mots, et je sais que le rire est le propre de l'homme, fût-il nain ou autre ou enfin bref, et je sais aussi que ça fait bien plusieurs milliers d'années que je suis coincé là-dessous mais tout de même, est-ce que tu ne voudrais pas aller un tout petit peu plus vite ?
- Tout de suite, maître, tout de suite ! répondit le Baron, mille pardons, ô glorieux Prince des Ténèbres !
Il sautillait littéralement sur place tandis que son serviteur, encore tout dégoulinant, se relevait à ses côtés.
- Maître, chuchota la goule Nozdriov, j'ai perdu un doigt.
- Tu sais où tu peux te le mettre ?
- Comment ? fit le Diable.
- Non, je parle à ma goule, expliqua le Baron.
- D'accord, fit le Diable, qui commençait visiblement à perdre son calme. C'est parfait. C'est fantastique. »
À vos souhaits, Fabrice Colin, éditions J'ai lu, 2000, 382p.